Bert Flint est un éminent collectionneur, anthropologue et expert des arts « afro-berbères », une catégorie qu’il aura patiemment forgé jusqu’à l’incarner, notamment à travers le Musée Tiskiwin, qu’il fonde à Marrakech en 1996. Aboutissement d’une vie de recherche, ce musée, où il n’est pas rare de croiser le maitre des lieux déambulant à travers sa collection, reste ouvert aux visiteurs encore aujourd’hui.
Bert Flint se lie avec le Maroc, où il s’installe, dès 1957, au lendemain de l’Indépendance du pays, poussé par le souffle du renouveau et un certain contexte d’ouverture culturelle. C’est là que pouvait se frayer un chemin cet étudiant néerlandais en langues et littératures hispaniques, qui allait bientôt retrouver les traces de la civilisations arabo-andalouse dans ses études ethnographiques sur l’art au Maroc.
Au cœur de ses recherches, particulièrement intenses à travers le Haut-Atlas et l’Anti-Atlas, Bert Flint a su dégager le rôle fondamental des populations sahariennes dans l’héritage multiculturel du Maroc (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie, Tunisie, Algérie…). Elles représentent pour lui le véritable vecteur de la culture visuelle afro-berbère et montrent que la civilisation ne se fabrique pas nécessairement à travers les centres citadins et marchands, mais aussi à travers le désert et les populations nomades. Il s’agit donc de retracer des transferts culturels profonds, de part et d’autre d’une frontière subsaharienne qui s’abolit d’elle-même, dès lors que ces échanges dépassent de très loin le cadre des frontières nationales ou coloniales.